Au Royaume-Uni, le design a trouvé un ancrage historique qui éclaire sa réussite. En 1944, le gouvernement de Churchill créé le Design Council pour accompagner le renouveau économique de la nation. Comme de nombreux pays, le Royaume-Uni est passé d’une économie industrielle à une économie de services et de produits numériques.
Ce même Design Council a publié un étude majeure, The Design Economy 2018, vaste état des lieux des pratiques du design outre-Manche. Rares sont les occasions d’aborder le design sous l’angle de sa contribution à l’économie. En France, la plus récente Étude sur l’économie du design a été publiée en 2010, à l’initiative du ministère de l’économie de l’industrie et du numérique. Le poids économique du design est l’une des façons de témoigner de ses apports.
L’économie du design
L’économie du design a généré 96,22 mds € de valeur ajoutée brute (VAB) au Royaume-Uni en 2016, ce qui équivaut à 7 % de sa valeur ajoutée brute globale. Le design numérique représente une valeur ajoutée de 44,3 mds € en 2016 et capte donc 38,5 % de la valeur de l’économie du design.
En France, le poids économique du design est estimé dans une fourchette située entre 1,9 et 3,4 milliards d’euros. Le design est une industrie qui exporte (7 % des exportations totales du Royaume-Uni). Selon l’étude française, “L’augmentation de chiffre d’affaires est la 1ère conséquence positive perçue par les entreprises suivie par l’augmentation de la valeur financière de cette dernière. Enfin c’est très majoritairement l’appréciation du client direct qui sanctionne la performance du design, et pour certaines plus largement l’appréciation des utilisateurs finaux.”
Le design numérique était encoreune niche en France en 2010 (9 % des activités de design en 2010), alors qu’au Royaume-Uni il est devenu la principale activité de design (avec une croissance à 3 chiffres entre 2009 et 2016 !).
Design economy GVA, 2009–2016 (£m)
L’emploi du design
Le Royaume-Uni compte 173 100 designers (en incluant le fashion design, l’architecture, le design produit). En France, le nombre de designers exerçant leur activité à titre principal se situait entre 30 et 33 000, enfin, l’effectif total concerné par l’activité design était estimé entre 46 et 56 000 personnes.
La demande en compétences de design est importante et soutenue au Royaume-Uni. Si le design était un secteur économique, il serait le 9e employeur du Royaume-Uni. Le design numérique y est le plus gros employeur, avec 661 915 emplois directs et indirects. Autre fait important, 79 % des design managers sont dans le design numérique, l’architecture ou le design produit.28,2 % des designers sont indépendants. Comme en France, le design est une profession très masculine (78 % au Royaume-Uni) ; ce déséquilibre est encore plus marqué dans le numérique (85,1 %). En France, les femmes représentent près de 40 % des designers numériques. Et comme en France, la répartition géographique des designers est fortement déséquilibrée au profit de la capitale (Londres concentre 62,8 % des designers).
Les constats du Design Council sont très encourageants pour la profession, qui est présente dans un éventail de secteurs d’activités toujours plus large. L’investissement en faveur du design ne cesse de progresser (16,6 mds d’€ en 2015). Au-delà de sa contribution substantielle à l’économie, le design est reconnu comme une ressource et une forme d’innovation. 60 % des entreprises ont recours au design au Royaume-Uni, contre 40 % en France. Le design numérique est en pointe avec des croissances à deux chiffres dans tous les aspects de l’étude. La conclusion : «Design is a UK success story». Pour autant, ses défis, comme en France, sont nombreux : les besoins d’une meilleure répartition géographique, d’une meilleure représentativité sociale, ethnique et de genre dans ses métiers.